Parce que le film raconte n’importe quoi ^^.
A l’époque de la République, donc avant la défaite d’Actium et le combat entre Marc Antoine et Octave, l’Egypte était quasiment une province romaine.
Premièrement parce que dans tout le bassin méditerranéen, c’était la seule puissance politique indépendante (sur le papier). Or, c’était le coin de la Méditerranée le plus riche : c’était le grenier à blé (aujourd’hui c’est le pétrole, hier c’était le blé).
Or l’Egypte était justement trop riche, les sénateurs, dans leur grandes sagesses (et les principaux généraux, les Crassus, Pompé, César, Octave, Lucullus, Caton, etc.) auraient tous pu l’annexer facilement si le gouverneur qui avait cette région aurait pu s’en mettre plein les fouilles, et par là même lever une armée et prendre d’assaut la République.
Un souverain était donc nécessaire : facilement contrôlable par le Sénat où il se présentait comme neutre, et ne pouvait tenter un sénateur ambitieux qui rêvait de jeter à bas à la République. De plus, l’Egypte apparaissait comme une nation trop exotique, trop grande, et il était hors de question de la romaniser, le système qui prévalait depuis trois millénaire et conservé en l’état par la dynastie lagide était trop juteux. C’était tuer la poule aux œufs d’or.
D’ailleurs, de l’Egypte, il ne restait que l’Egypte. Il ne faut pas oublier que l’empire lagide comprenait aussi la Cyrénaïque, Chypre et une partie de la Syrie (qu’elle se disputait avec les séleucides, qui eux ont mal finis) : toutes ces régions, productrices également de blé, sont tombées dans l’escarcelle romaine.
Mais l’Egypte avait ses faiblesses : gouvernement corrompu et dette abyssale (et oui, les Madoff et autres crises ne datent pas du siècle dernier).
Rome a mis à chaque fois bon ordre lorsqu’une crise éclatait en Egypte, généralement lorsque le souverain en place était chassé par la populace et qu’un autre Ptolémée (ou une Bérénice, une Arsinoé ou une Cléopâtre) prenait la place. L’usurpateur (bien souvent, usurpatrice) était généralement plus intelligent que l’incapable précèdent et essayait de redresser la situation fiscale, ce que n’aimait pas Rome. Et généralement, le Ptolémée en fuite allait courir à Rome où il dilapidait le reste de sa fortune à l’intention des sénateurs, avec la promesse d’en recevoir encore plus.
Rome épongeait aussi les dettes, mais demandait des contreparties assez lourdes, généralement en lorgnant sur les réserves de blé, devenues nécessaires pour nourrir la cité au million d’habitants (quitte à ce que l’Egypte elle-même meurt de faim).
C’est pour ça qu’après Actium, Octave, voyant une Cléopâtre suicidée, un Césarion à l’origine douteuse et inconvenant pour le seul héritier de César, et trois autres enfants de Marc Antoine, sang mêlés de barbare et de romain (qu’il utilisa à leur juste avantage dans une politique de mariage à l’étranger) : il ne restait plus de descendant de Ptolémée compagnon d’Alexandre le Grand.
Il décida d’ailleurs que c’était plus pratique – puisque c’était son intention – de posséder l’Egypte comme une propriété personnelle (il devenait donc officiellement Pharaon de 12 millions de paysans, la province de loin la plus peuplée à l’époque) et d’y mettre à sa tête un préfet ne rendant compte qu’à l’Empereur.
Donc déjà en 47 av. n.è. ce n’était pas une province romaine, mais même après, ça ne l’est toujours pas réellement.
Mer 7 Juil 2010 - 21:44
