Certains énergumènes médiatiques, dont les langues sont aussi légères que l'esprit, le considèrent et le présentent souvent comme l'Alexandre Dumas du XXème siècle. L'auteur de la saga des mousquetaires mérite mieux: successeur ou imitateur certainement pas, épigone à la limite.
En feuilletant quelques pages, on s'aperçoit que l'Histoire pourrait être un point commun entre ces deux écrivains. Simplement, si pour Dumas, celle-ci "est un clou auquel [il] attache [ses] tableaux", tous magnifiquement brossés d'ailleurs, je doute que la vision qu'en a notre contemporain, ne vaille pas même ce clou. Enfin si, un charitable lecteur me jugeait trop sévère, et, dans un élan de générosité, lui accordait deux ou trois clous, je m'en servirais aussitôt pour le lier au pilori, le temps d'affûter mes autres flèches:
L'argument du style: insipide, médiocre et ennuyeux au possible. Par sa lourdeur, une seule de ses lignes épuiserait un rédacteur du Code Civil et si, certes, tous ses paragraphes ne sont pas également monotones, l'honnêteté m'oblige à reconnaître à ses pages, une magnifique vertu soporifique : l'ensemble fait bailler plus souvent que sourire, et rire moins fréquemment que dormir. Enfin, je reconnais là la sollicitude de l'auteur qui, ayant prévu que l'on puisse peiner à sortir d'un de ses chapitres, eut la grâce de nous rendre corvéable, l'aimable Morphée. Que ceux qui restent sceptiques se plongent rapidement dans l'œuvre de Dumas: la plume de celui-ci couvrit une large partie de l'Histoire, et les splendeurs qu'elle nous prodigua jusqu'au bout n'ont pas besoin d'avocat pour récuser l'analogie préalablement citée.
L'argument du choix, fatalement confondu avec l'argument commercial déjà évoqué: les thèmes sélectionnés pour ses sagas, en plus de ne pas briller par leur originalité, furent tous traités majestueusement avant lui; ainsi en vrac et sans ordre préférentiel: Michelet ou François Furet pour la Révolution, Jean Tulard pour Napoléon, Jean Orieux pour Voltaire, Lucien Jerphagnon pour les César...tous ces auteurs possèdent une plume remarquable, agréable à lire, et respectable des détails (petit bémol évidemment pour Michelet dont la monumentale Histoire de France reste toutefois un bijou). Si encore, il avait pu se démarquer en trouvant un angle d'attaque, un point de vue saillant, une opinion marginale, sur ces thèmes....mais lire une biographie de Voltaire et deux ou trois contes, ne suffisent pas à servir de base à un travail sérieux: quid de la dizaine des volumes de correspondances en Pléiade? de ses tragédies et de tout le reste de son œuvre?Ce qui nous amène au dernier argument.
L'argument de l'érudition. Un bon écrivain peut être prolixe, les deux termes n'étant pas oxymoriques, mais les écrivailleurs le sont tout de même plus souvent. Enfin si, à tout hasard, la piètre qualité littéraire de Max Gallo, ainsi que la nature mercantile de son oeuvre, ne suffisent pas à décourager et à éloigner l'amateur d'Histoire des imposants volumes qu'il nous sort régulièrement, la faiblesse de ses recherches et son peu de souci envers le détail historique, devraient être plus décisifs. Du moins, j'ose espérer, amen.