Expressions de l'amour

Une chaumière et deux coeurs

Quam juvat immites ventos audire cubantem
et dominam tenero continuisse sinu
Aut, gelidas hibernus aquas cum fuderit Auster,
Securum somons igne juvante sequi !
Hoc mihi coningat : sit dives jure, furorem
Qui maris et tristes ferre potest pluvias !
O quantum est auri pereat potiusque smaragdi,
Quam fleat ob nostras ulla puella vias !
Te bellare decet terra, Messalla, marrique,
Ut domus hostiles praeferat exuvias :
Me retinent vinctum formosae vincla puellae
Et sedeo duras janitor ante fores.
Non ego laudari curo, mea Delia : tecum
Dum modo sim, queso segnis inersque vocer !


Quelle joie d’entendre lorsqu’on est au lit les vents déchainés, et de presser tendrement sur son sein sa maîtresse ou bien quand l’Auster hivernal déverse ses eaux glacées, de continuer à dormir bien en sécurité près d’un bon feu !
Puisse cela m’arriver : Qu’il soit riche, il en a le droit, celui qui peut supporter la fureur de la mer, et les sombres orages. Ô que tout l’or et toutes les émeraudes disparaissent, pltôt qu’une seule jeune fille pleure à cause de nos voyages.
Il te convient, Messala, de mener la guerre sur terre et sur mer pour que ta demeure s’orne des trophées pris à l’ennemi. Quant à moi, les chaînes de ma belle maîtresse me retiennent, et je fais le siège comme un gardien devant ses portes insensibles.
Moi, ma Délie, je ne cherche pas à être loué : du moment que je suis avec toi, je veux bien qu’on m’appelle lâche et paresseux.

Tibulle, Elégies, I,1

Te spectem, suprema mihi cum venerit hora,
Te teneam moriens deficiente manu.
Flebis et arsuro positum me, Delia, lecto,
Tristibus et lacrimis oscula mixta dabis.
Flebis : non tua sunt duro praecordia ferro
Vincta, nec in tenero stat tibi corde silex.
Illo non juvenis poterit de funere quisquam
lumina, non virgo, sicca referre domum.
Tu Manes ne laede, meos, sed parce solutis
crinibus et teneris, Delia, parce genis.
Interea, dum fata sinunt, jungamus amores :
jam veniet tenebris Mors adoperta caput;

Que, lorsque mon heure dernière sera venue, je te regarde et qu’en mourant, je te tienne de ma main faible. Tu pleureras Délie, et tandis que je reposerais sur mon lit, prêt à brûler, tu me donneras des baisers mêlés à des sanglots.
Tu pleureras : ton sein n’est pas bardé de dur métal et dans ton tendre cœur, il n’y a pas une pierre.
De ses funérailles, personne, pas une jeune fille, ne pourra revenir les yeux secs.
Ne blesse pas mes mânes, mais épargne tes cheveux défaits et tes tendres joues.
En attendant que le sort le permette, joignons nos amours : La mort viendra bientôt, la tête couverte de ténèbres.

Le moineau de Lesbie

Lugete, o Veneres Cupidinesque,
Et quantum est hominum venustiorum.
Passer mortuus est meae puellae,
Passer, deliciae meae puellae,
Quem plus illa oculis suis amabat ;
Nam mellitus erat suamque norat
Ipsam tam bene quam puella matrem,
Nec sese a gremio illius movebat,
Sed circumsiliens modo huc modo illuc
Ad solam dominam usque pipiabat.
Qui nunc it per iter tenebricosum
Illuc unde negant redire quemquam
At vobis male sit, malae tenebrae
Orci, quae omnia bella devoratis;
Tam bellum mihi passerem abstulistis.
O factum male! O miselle passer!
Tua nunc opera meae puellae
Flendo turgiduli rubent ocelli.

Pleurez ô Vénus et Cupidons, ainsi que vous tous, hommes amoureux ! Il est mort le moineau de ma jeune maitresse, le moineau, délices de ma jeune maitresse, qu’elle aime plus que ses yeux ; car il était doux comme le miel et connaissait sa maitresse aussi bien que celle-ci sa mère et il ne bougeait pas de son sein mais sautillant de-ci de-là il ne pépiait que pour sa maîtresse et maintenant, il va par le chemin ténébreux là d'où l’on dit que personne ne revient. Et bien soyez maudites, ténèbres d'Orcus qui dévorez tout ce qui est beau, vous m’avez volé un si petit oiseau. Ô méchanceté ! Ô pauvre petit oiseau ! A cause de toi à force de pleurer les yeux charmants de mon aimée sont devenus tout rouges et gonflés.

Que dire ici?
Le tout reste assez expressif (on ne compte plus les exclamations!! si mais bon, osef )
En tout cas plus expressif qu'un simple récit historique (décidément, c'est ce qu'on appelle donner le glaive à Feust pour être achever!!)
La femme aimée est considérée comme un bien précieux, comme l'or et les émeraudes chez Tibulle, on retrouve en opposition la dureté, de la pierre ou du métal toujours chez Tibulle, et enfin Catulle fait l'éloge du moineau de Lesbie, animal de compagnie, et je pensais y voir une fome de métonymie (enfin je ne me hasarderai pas à dire ça à l'oral )

La mort et les ténèbres sont deux thèmes abordés par les deux auteurs... Ptêt pour désigner une certaine fatalité dans les histoires d'amour!!

D'autre part, je cherche à étayer ma liste d'auteurs/sujettes d'auteurs. On pourrait déjà avoir:
- Tibulle/Delia
- Catulle/Lesbie
- Horace/...?
- Virgile/...?
- Ovide/...?
- Properce/...?

Il faudrait faire quelques recherches pour compléter cette liste, je ne connais malheureusement pas grand chose des productions érotiques de ces auteurs...

Pour Ovide, je doute que l'Art d'aimer soit centré sur un seul personnage féminin, c'est plutôt un traité qui a une portée très générale (ce n'est peut-être pas là le mot juste, mais passons).
Quant à Virgile, je ne sais pas si on peut extraire un personnage féminin particulier parmi ses trois oeuvres majeures (Elissa Didon, peut-être ? ). Ce n'est pas un poète érotique à la base.

Horace et Properce, jamais lu. Enfin, si, j'ai lu des bribes quand je me suis attaqué aux vers logaédiques d'Horace, mais je n'en ai pas retenu d'image de personnage féminin ! Je ne te serai donc d'aucune utilité de ce côté-là !