Archives des Nouvelles Archéologiques

Des fouilles menées à Eleutherne en Crète ont révélées la tombe de trois femmes vieilles de 2.900 ans encore ornées de leurs bijoux. Ceux-ci sont d’ailleurs décrits comme étonnamment travaillé et en avance sur leur temps. Des bracelets en or et des médaillons décorés de tête de lions et aux figures des anciens dieux typiques de la Crète archaïque constituent ce trésor.

"Les bijoux sont dans un style semblable à ceux de la période hellénistique (soit plusieurs siècles après)" témoigne Nikos Stambolidis, directeur du musée d’art cycladique d’Athènes. "Nous n’avons jamais eu connaissance d’un tel niveau de savoir-faire à cette période."

La nature élaborée de la tombe indique que ses trois occupantes – dont deux d’entre elle étaient adolescentes – avaient rang de prêtresses ou de princesses. Des offrandes incluant des scarabées, des sceaux d’ambre et des céramiques ont également été trouvés dans la chambre funéraire qui mesure environ deux mètres de haut.

Près de la ville moderne de Rethymno dans le nord de la Crète, l’antique cité d’Eleutherne a sans doute connue son apogée sous l’ère Géométrique au début du premier millénaire avant notre ère. Les fouilles des 25 dernières années ont fait sortir de terre quelques 500 objets comprenant des poteries, des outils et des armes ainsi que des sculptures en ivoire. Une des plus célèbre statue du Louvre, la Dame d’Auxerre, proviendrait de la cité d’Eleutherne.

La Dame d'Auxerre pourrait représenter une des dames d'Eleutherne.

Des archéologues israéliens affirment avoir dégagé les plus anciennes fortifications jamais retrouvées à Jérusalem.

L’Autorité des Antiquités d’Israël précise que le mur, vieux de 3.700 ans, fut construit par les cananéens pour protéger un passage entre une forteresse située plus en hauteur et une source d’eau.

Le directeur des fouilles Ronny Reich dit que c’est la première fois qu’une construction de cette ampleur a été découverte et étant antérieur aux projets monumentaux du roi Hérode à la fin du premier siècle avant notre ère.

Le mur d’une hauteur de huit mètres fait parti d’un système défensif que les archéologues pensent avoir été utilisé par les habitants de la cité contre les pillards de la région. Selon Reich, une portion du mur d’une longueur de 24 mètres environ a été dégagée, et des pans entiers restent encore à découvrir.

Pan du mur dégagé

Les fragments d’une statue colossale d’Apollon ont été retrouvés sur le site de Hiérapolis en Turquie. Datée du premier siècle de notre ère, il ne reste de cette statue – d’une hauteur originelle estimée à quatre mètres – que le buste et la partie basse. "Elle montre le dieu grec Apollon assis sur un trône et tenant la cithare de sa main gauche. Le dieu porte une magnifique tunique drapée. Le vêtement a un effet de transparence qui révèle l’anatomie et les muscles saillants" décrit Francesco D'Andria, directeur des fouilles.

Inspiré par les chefs-d’œuvre de l’époque classique, le sculpteur n’a pas apporté le même soin à l’arrière de la statue. "Cela montre que la statue était placée contre un mur et suppose qu’elle ne pouvait être vu que frontalement" note D’Andria. "Nous n’avons pas perdu espoir de reconstruire physiquement cette statue dans son intégrité. Nous fouillons encore, et nous pouvons être capable de retrouver la tête manquante".

Hiérapolis est une fondation du roi de Pergame Eumène II au début du deuxième siècle avant notre ère, Apollon y était vénéré alors comme fondateur divin. Le sanctuaire d’Apollon, à l’instar de Delphes, était intentionnellement construit sur une faille active. Centre commercial et religieux important, Hiérapolis fit partie du legs de Pergame à Rome en 133. Détruite par un tremblement de terre, elle fut grandement reconstruite sous le règne de Tibère.

Torse d'Apollon

Le département des Antiquités Syriennes de la ville côtière de Tartous a mis au jour une nécropole creusée dans la roche. Constitué d’un réseau de plusieurs chambres, le complexe principal a livré divers objets dont un sarcophage en basalte anthropoïde de style sidonien.

Ce sarcophage constitué d’une cuve simple et sans ornements voit émerger le visage d’un homme portant une coiffe. Marqué par une profonde ride sur le front, les détails de la barbe et des cheveux bouclés ont été finement sculptés, contrastant d’autant plus avec la simplicité de la cuve.

Non loin, une autre tombe isolée taillée elle aussi dans la roche a révélée trois squelettes de même que des bijoux en bronze et en or ainsi que des jarres en terre cuite.

Le sarcophage a été transporté au Musée National de Damas. Les archéologues s’activent encore pour déterminer la période d’utilisation de cette nécropole.

Le sarcophage anthropoïde de Tartous

Selon de nouvelles recherches et des fouilles réalisées sur le site néolithique de Çatal Höyük en Turquie, les figurines rondes et schématiques aux formes féminines ne seraient pas des représentations du divin mais de simples jouets.

Quelques 2.000 figurines ont été retrouvées dans ce qui est la décharge de la plus ancienne ville au monde. Çatal Höyük, alors à son apogée au néolithique quelques 9.000 ans en arrière avec une population de 5.000 habitants, livre dans ses dépotoirs la solution à des questions restées sans réponses.

Les « déesses mères » retrouvées au milieu des déchets millénaires ne peuvent être ainsi des icônes religieuses. Elles représentent même moins de 5% des 2.000 figurines. La professeur Lynn Meskel de l’Université de Stanford pense elle à des jouets éducatifs : "la majorité (des figurines) représentent du bétail ou des moutons et des chèvres. Elles peuvent représenter des animaux avec lesquels ils vivaient – et elles pouvaient servir d’objets d’éveil. Toutes ont été trouvées parmis les déchets et jamais dans des niches, sur des plates-formes ou placées dans des tombes.

Figurines féminines de Çatal Höyük

La dernière campagne de fouilles sur le site de Tel Dor en Israël, sous la direction d’Ayelet Gilboa de l’Université d’Haïfa et d’Ilan Sharon de l’Université Hébraïque de Jérusalem, vient de livrer un inestimable trésor : une intaille représentant Alexandre le Grand.

"En dépit de ses petites dimensions – la pierre est grande de moins d’un centimètre et est large de la moitié d’un centimètre – le graveur a été capable de reproduire le buste d’Alexandre sur une gemme en n’omettant aucune des caractéristiques du monarque" note le Dr Gilboa. "L’empereur est représenté comme jeune et énergique, avec une puissante mâchoire, un nez droit et de longs cheveux bouclés retenus par un diadème." Ce type de portrait conventionnel, déjà largement diffusé du vivant du roi, devint un sujet symbolique de la royauté hellénistique qui continua à être reproduit.

Pour les chercheurs, étonné de voir un tel objet de luxe à la périphérie des grands centres hellénistiques comme Alexandrie d’Egypte ou Séleucie de Syrie, démontre au contraire que même dans les centres provinciaux comme à Tel Dor, les élites locales suivaient les grandes modes raffinées et avaient les moyens de se les offrir.

Dor fut un port majeur durant l’Antiquité à partir de l’Âge du Bronze moyen, vivant le passage d’Alexandre le Grand après le siège de Tyr, devenant un centre de diffusion de la civilisation hellénistique mais déclina après la fondation de la ville romaine de Césarée non loin. Le site est fouillé depuis une trentaine d’année et les résultats sont publiés sur un site à l’adresse suivante : http://dor.huji.ac.il/

L'intaille au type d'Alexandre III le Grand

Une équipe d’archéologues menés par Françoise Villedieu (CNRS) a mis au jour la légendaire salle à manger à plafond pivotant que l’empereur Néron avait fait construire pour impressionner ses invités.

Les fouilles effectuées sur la colline du Palatin ont ainsi révélées les fondations de cette salle de seize mètres de diamètres qui s’inscrivait dans le plan du projet architectural majeur du règne de Néron : la Domus Aurea, ou Maison Dorée. Construit en plein cœur de Rome au premier siècle de notre ère après le grand incendie, le palais disposait en outre d’un lac artificiel et était dominé par une statue de trente mètres de haut représentant Néron.
Six ans après le règne de l’empereur histrion, l’historien Suétone décrit cette salle comme étant la pièce majeure du palais et que "jour et nuit elle tournait sans relâche pour imiter le mouvement du monde". Les archéologues doivent maintenant déterminer comment la pièce s’animait.

"Cette découverte reste inégalée par rapport aux autres découvertes architecturales de la Rome antique" dit Françoise Villedieu. Elle précise que la chambre fut soutenue par un pilier central d’un diamètre de quatre mètres. Les traces d’une plate-forme en bois qui devait probablement flotter sur l’eau à l’intérieur même de la salle ont également été trouvées.

Le gouvernement italien a décidé de financer la suite des fouilles à hauteur de 200.000 euros.

Dessin de reconstitution de la Domus Aurea (J.-C. Golvin)

Un chasseur de trésor amateur armé d’un simple détecteur de métal à mis au jour l’un des plus grands trésors anglo-saxon à quelques kilomètres au nord de Birmingham en juillet dernier. C’est une cache d’un millier d’objets en or et en argent allant de pièces d’armements à du mobilier religieux d’une qualité remarquable. Depuis la semaine dernière, cette incroyable découverte est médiatisée par les institutions britanniques.

Le trésor a été déterré dans ce qui fut la Mercie, un des cinq principaux royaumes Anglo-Saxon, et serait daté des années 675 à 725. Pour Tony Herbert, l’heureux inventeur du trésor, 55 ans et au chômage, ce fut "plus amusant que de gagner à la loterie".

L’or seul pèse cinq kilos et suggère que l’Angleterre de cette période était un endroit plus riche que ce que l’on pensait alors, selon Leslie Webster, ancienne curatrice des antiquités anglo-saxonnes du British Museum. A tire de comparaison, le célèbre trésor de Sutton Hoo ne contenait que 1,66 kg de métaux précieux. Elle ajoute aussi que la croix et les autres objets religieux mélangés avec les objets militaires mettent en évidence le lien entre le christianisme et la guerre chez les Anglo-Saxons récemment christianisé, en particulier la croix qui devait être porté en procession sur les champs de bataille.

Un site Internet a été mis en ligne présentant le trésor et les actualités tournant autour du site archéologique dont la localisation est encore maintenue secrète : http://www.staffordshirehoard.org.uk/

Plaques d'or du trésor

Les fouilles archéologiques au palais de l’ancienne cité de Qatna, au nord-est de Homs en Syrie, a permis de révéler une chambre funéraire souterraine taillée dans la roche contenant des centaines d’objets ainsi que des ossements datés d’une période allant de 1.600 à 1400 avant notre ère.

Les fouilles effectuées en 2002 avaient déjà mis en évidence la présence d’une tombe dans le centre du palais. La tombe présente a été découverte dans l’aile nord-ouest du palais. Grande de 4,90 sur 6,30 mètres, elle est divisée en deux chambres. Parfaitement intégrée à la structure du palais, la tombe était située sous les murs de fondation. A l’intérieur, une trentaine de squelettes dont les os ont été disposés en groupe. Les premières études confirment que la tombe constitue une seconde inhumation et démontrent des traditions funéraires complexes. L’identification des occupants de la tombe reste encore un mystère et le manque d’inscriptions ne peut que laisser entendre à des membres de la famille royale de la cité de Qatna.

Les objets quand à eux sont composés d’un grand nombre de vaisselles en céramique et en granite. Ces dernières sont d’importations égyptiennes mais datent d’un millénaire avant l’existence de la tombe. De la vaisselle en albâtre également importée d’Egypte fait également parti du mobilier funéraire. L’une d’elle contenait des bijoux en or. Divers objets en bronze, des fibules, un sceau en lapis-lazuli, une statuette de singe en pierre tenant une palette à fard ainsi qu’une statuette en ivoire accompagnaient les défunts.

Qatna fut l’un des plus importants royaumes de la Syrie antique durant la période du Bronze moyen et récent. La cité atteignit son apogée entre 1800 et 1600 avant d’être détruite par les Hittites en 1340 av. J.-C.

Site du palais royal de Qatna

Une tête géante en granit rouge du pharaon Amenhotep III, vieille de 3000 ans, a été découverte sur le site de son temple funéraire à Louxor, a annoncé dimanche 28/2/2010, le ministère de la Culture, Farouk Hosni.
"La tête découverte est intacte et fait 2,5 mètres de hauteur", a précisé dans un communiqué le chef des antiquités égyptiennes, Zahi Hawass. "C'est un chef-d'oeuvre d'une grande qualité artistique, un portrait du roi avec des traits sculptés très fins et pleins de jeunesse", a-t-il ajouté.
Des traces de peinture rouge figurent toujours sur la tête, selon lui. La tête se trouvait sur une grande statue représentant le roi debout avec les bras croisés sur la poitrine et tenant les insignes royaux, a indiqué Hourig Sourouzian, le chef de la mission qui a mis au jour la statue.
Ces dernières années, de nombreux restes de statues en granit rouge ont été découverts dans le temple funéraire d'Amnhotep III, le grand-père de Toutankhamon, à Kom al-Hitan, sur la rive ouest de Louxor.
Amenhotep III, qui a régné sur l'Egypte entre 1390 et 1352 avant JC, était le père d'Akhenaton, "le pharaon hérétique" considèré comme un précurseur du monothéisme parce qu'il a tenté d'imposer le culte exclusif d'Aton.

Une rare paire de kouroï – statues de jeunes hommes nus – ont été sauvés de deux fermiers grecs du Péloponnèse qui les avaient déterrés illégalement et s’apprêtaient à les vendre 10 million d’euros.

D’une taille de 182 et 172 cm et probablement sculptés par le même artiste dans un marbre des îles, les statues sont datées de la fin de la période archaïque (550-520 av. n. è.).
"Ils sont exactement identique, avec une légère variation dans le style de la coiffure ainsi qu’une petite différence de taille." rapporte Nikos Kaltas, directeur du Musée archéologique national d’Athènes où ces deux kouroï ont été temporairement entreposés pour études. "L’artiste a sans doute voulu produire deux statues similaires qui devait former une partie d’un groupe."

La provenance exacte des kouroï est encore incertaine, mais les autorités pensent qu’ils sont originaires de Tenea, situé entre Corinthe et Mycènes. Le cimetière de Tenea a en effet livré une statue – actuellement dans un musée de Munich – d’un style proche.

Le vol d’antiquités est un problème majeur en Grèce où les trésors archéologiques – tous propriétés de l’Etat par la loi – effleurent du sol retourné par les charrues ou les bulldozers. Ces découvertes ravies aux yeux des autorités compétentes font perdre de précieuses informations sur le contexte du site d’origine et sont dommageables pour l’objet en lui-même.

Les deux kouroï

Des chercheurs de l’Université de Barcelone ont découvert des restes de pigment bleu égyptien dans un retable de l’église de Sant Pere de Terrassa de Barcelone. Ce pigment bleu fut utilisé durant l’Egypte ancienne jusqu’à la période romaine, où renommé bleu pompéien, il fut très prisé pour la coloration des fresques et des objets, et ne fut plus en usage dès la chute de l’Empire romain. Ainsi, comment ce pigment s’est-il retrouvé dans une église du XIIe siècle ?

« Nous avons réalisé une étude systématique des pigments utilisés dans le retable pendant le travail de restauration de l’église, et nous pouvons démontrer que la plupart des pigments utilisés avaient une origine locale et ‘‘pauvre’’ – de la terre, du blanc de chaux, du noir de suie – et c’était une réelle surprise de trouver un pigment de cette qualité » rapporte Mario Vendrell, géologue à l’Université de Barcelone et co-auteur de l’étude.

« Les résultats ont montrés sans l’ombre d’un doute que ce pigment est du bleu égyptien » affirme Vendrell, qui confirme qu’aucun autre pigment bleu a été utilisé, comme le lapis-lazuli, l’azurite ou l’aerinite « Qui de toute manière venaient de pays lointain et étaient difficile à trouver dans une économie en marge, telle que fut le royaume d’Aragon entre le XIe et XVe siècle. » Le géologue confirme également qu’il n’y a aucune preuve que les artisans de la période médiévale avaient une quelconque connaissance de la fabrication de ce pigment, composé de silicate de cuivre et de calcium. Ce pigment n’a d’ailleurs jamais été trouvé dans d’autres fresques murales de cette période.

Une solution possible à ce mystère résiderait dans le fait que les ouvriers de l’église médiévale seraient tombés sur les restes de pigments venant de l’époque romaine. L’église de Sant Pere, comme bien d’autres dans la région, est construite sur d’anciens édifices de la période romaine, le pigment précieux aurait pu être conservé là des centaines d’années avant d’être découvert et utilisé.

Le retable de l'église de Sant Pere de Terrassa