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 Sexe, violence et pouvoir : le regard de l’Antiquité

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Alexandre
Le Grand (1,85 m.)
Alexandre


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MessageSujet: Sexe, violence et pouvoir : le regard de l’Antiquité   Sexe, violence et pouvoir : le regard de l’Antiquité Icon_minitimeMar 17 Mai 2011 - 23:00

Difficile de ne pas entendre parler de l’évènement planétaire du moment : ce n’est pas la guerre dans les pays arabes (qui préoccupe surtout ceux qui ont la marotte de l’émigration), ce n’est pas le mariage des deux benêts (c’est pour quand le divorce ?), ni les derniers problèmes de Fukushima (comment ? les cuves sont devenues des passoires et tout le monde s’en fout ?) ou encore la dépouille d’un barbu flottant dans les eaux de la mer d’Oman.

Non, c’est l’affaire Dominique Strauss-Kahn, le puissant Directeur général du Fond Monétaire International, organisme orgasmique qui s’occupe d’éradiquer les pauvres partout dans le monde. Plus que ça, c’est – c’était – celui que beaucoup voyaient en prochain président de la République française.
Sauf qu’aujourd’hui, menotté avec de multiples accusations de viols – que ce soit d’une femme de chambre à New York ou d’une écrivain à Paris – la France découvre avec un certain effarement la chute d’un homme important en quelques secondes.

Je propose alors une réflexion, non pas sur la présomption d’innocence, le traitement médiatique de l’affaire ou de son impact sur la politique française – même s’il restera difficile de se détacher de telles contextes – mais de penser cette affaire dans le cadre moral de l’Antiquité gréco-latine, c’est-à-dire le fondement de nos démocraties actuelles.

L’affaire DSK rassemble déjà des thématiques très porteuses : le pouvoir politique, le scandale sexuel et la violence, sans oublier la richesse et son ostentation.
Beaucoup de commentateurs parlent de pulsions causées par la pression ou d’addiction au sexe, pourtant, le mariage entre sexualité débridée et pouvoir politique a été déjà observé par les auteurs antiques, particulièrement à la période grecque et romaine, et se trouve être résumé dans le personnage du tyran.
La dernière partie de l’ouvrage de Florence Dupont et Thierry Éloi, L’érotisme masculin dans la Rome antique (col. L’Antiquité au présent, 2001) est précisement consacré à la sexualité du tyran :

« Le tyran est un homme redouté et cruel parce qu’il recourt obligatoirement à la violence pour asseoir et maintenir son pouvoir. La théorie du régime tyrannique construit ainsi un homme tyrannique, animé par une seule volonté : réaliser tous ses désirs.
[…]
Le tyran, en général, fait de la violence arbitraire une méthode de gouvernement, en particulier pour se débarrasser de ses rivaux ou de l’opposition républicaine. Généralement il s’abandonne aussi exagérément aux plaisirs ; ce désir excessif de la jouissance est d’ailleurs considéré par les Anciens comme la raison qui a pu le pousser à prendre le pouvoir.
[…]
Parmi les souillures qui marquent le corps des tyrans, selon une sémiologie souvent héritée de la physiognomonie traditionnelle, […] les stigmates de la libido sexuelle apparaissent comme la plus infamante. Les tyrans sont obscènes.
Mais ce qui différencie le tyran des autres obscènes est que son hypersexualité est souvent associée à la colère ou la violence sanglante. On retrouve la dimension du viol.
»

Dans le Gorgias et la République de Platon, le tyran est celui qui est l’esclave de ses désirs et n’aura de cesse des les assouvir, chez Xénophon il est celui qui est privé de l’amour véritable et de la tranquillité de l’esprit. Dans la pensée romaine, le tyrannus est le rex, l’être honni qui mélange otium et negotium, et fait intervenir dans la sphère publique ses dépravations. Les empereurs romains par la suite, particulièrement Tibère, Caligula et Néron sont des impudicus qui contraignent les citoyens libres, hommes, femmes et enfants à leur bestialité sexuelle.

L’homme investit du pouvoir qui use de la violence sexuelle est un tyran qui sort du cadre de la cité. Ainsi l’image de Tarquin le Superbe violant Lucrèce est l’acte de fondation de la République.

De nombreux politiciens français, autant à gauche qu’à droite, sont stupéfaits du traitement américain de l’affaire, et invoquent déjà le fameux « puritanisme » américain qui à déjà épinglé à de nombreuses reprises les faux-pas des politiciens avec les affaires de morale. Mais la racine de ce puritanisme est-il vraiment propre aux anglo-saxons, ou est-ce la manifestation d’une méfiance très ancienne pour la figure du tyran ?
L’affaire DSK en tout cas est encore plus importante et plus grave – pour preuve son traitement dans les médias du monde entier – car elle ne relève pas d’une simple affaire entre deux adultes consentants, mais impliquerait cette dimension de la violence sexuelle.

L’un des rares élus à émettre un avis tranché sur la question, le député de Paris Bernard Debré, dénonce vertement Dominique Strauss-Kahn sur son site : « Il était connu de beaucoup que vous aviez des attitudes sexuelles débridées, en France, en Belgique. Les choses étant connues, les participants à ces parties fines s'en vantaient, mais la France est tolérante, trop tolérante. […] Quand vous sortirez de prison, disparaissez dans votre ryad, ne vous justifiez pas, ne dites plus rien. Vous avez été une fausse valeur, un obsédé sexuel, un escroc intellectuel. Vous avez sali votre pays. »
Un véritable Caton que ce Debré là qui dénonce l’irruption du privé dans les affaires publiques, égratignant aussi la truphé, la magnificence – remplacé par le terme si contemporain de bling-bling – si ostensible de ses richesses ; la Porshe de DSK vaut bien la litière de César, le ryad à Marrakech avec la villa de Baies.

En bref, DSK est-il un tyran par sa conduite sexuelle, son goût des belles choses hors de prix et sa recherche effrénée des plaisirs ? Nul doute en tout cas, qu’a coté, notre Président actuel est un gentil Trimalcion dont la fertilité en fait l’Auguste de notre temps.
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Dominus et Deus
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MessageSujet: Re: Sexe, violence et pouvoir : le regard de l’Antiquité   Sexe, violence et pouvoir : le regard de l’Antiquité Icon_minitimeDim 5 Juin 2011 - 19:51

Citation :
notre Président actuel est un gentil Trimalcion dont la fertilité en fait l’Auguste de notre temps.

comparaison amusante, c'est vrai que l'ancien ministre de l'intérieur a plus d'un point commun avec le personnage de Pétrone^^

Personellement je ne pense pas que les pulsions érotiques de DSK soient causées par son ivresse du pouvoir, comme cela a pu être le cas avec les Césars de l'Antiqutié.

En fait c'est plutôt le contraire. Comme le dit Florence Dupont, l'arrivée au pouvoir de tyrans dans l'Antiquité favorisaient l'assouvissement de leur apétit sexuels, dans le sens où ils pouvaient se permettre n'importe quoi (y compris les viols) pour satistfaire leurs pulsions érotiques.

Dans les démocraties de nos jours, les affaires politiques sont tellement médiatisées, et l'image des politiciens importent tellement que grimper dans l'échelle sociale implique une réputation exemplaire proportionelle à la fonction occupée.
C'est pourquoi plus un homme politique occupe une haute fonction, moins il a de chances d'être l'auteur d'un tel acte. D'où la surprise mondiale de l'affaire DSK.

Bref la démocratie interdit à l'homme au pouvoir (le président) des écarts de conduites, alors que les régimes politiques de l'Antiqutié favorisaient les pulsions barbares et débridées des dirigeants (tyrans et empereurs).
C'est là la différence entre la démocratie et la tyrannie. La démocratie permet bien sûr aux dirigeant de mener un train de vie luxueux, et de satisfaire leur côté bling bling (la porche de DSK, le boeing de Sarko).

Citation :
L’homme investit du pouvoir qui use de la violence sexuelle est un tyran qui sort du cadre de la cité. Ainsi l’image de Tarquin le Superbe violant Lucrèce est l’acte de fondation de la République.

Des histoires semblables se sont déroulées à Athènes, et elles sont à l'origine de la démocratie. Pisistrate, l'avant dernier tyran d'Athènes, aurait tué sa femme dans une dispute, puis aurait couché avec son cadavre, provoquant la colère des Athéniens. Quelques décénnies plus tard, Hippias, l'un des fils de Pisistrate, a violé un jeune athénien. C'est ce viol, qui a provoqué la colère de l'amant de cet athénien, puis du peuple athénien, qui est à l'origine de la fuite d'Hippias et d'Hipparque, les deux derniers tyrans d'Athènes.
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