Le Cylindre de Cyrus

Texte originellement en akkadien, Cyrus y reprend les formes classiques des décrets royaux qui se font en début de règne.
Véritable traduction (pas comme la fausse qui navre les historiens depuis 1971).


[1-8] [...] Une personne incompétente [Nabonide] fut installé dans l'exercice de la royauté sur son pays [...] il leur a imposée. Il fit une imitation de l'Esagila, et [...] pour Ur et le reste des centres cultuels, un rituel qui leur fut impropre, une exposition d’offrandes impies sans [...] peur il récita chaque jour. Irrévérencieusement, il mit fin aux offrandes et il interféra dans les lieux de culte ; [...] il établi dans les centres sacrées. Par ses propres desseins, il supprima le culte de Marduk, le roi des dieux, il fit continuellement le mal envers la cité de Marduk. Chaque jour, [...] sans interruption, il imposa avec acharnement la corvée sur ses habitants, les ruinant tous.

[9-11] En entendant leurs plaintes, le seigneur des dieux devint furieusement affligé et [...] leurs frontières ; les dieux qui ont vécu parmi eux ont abandonné leur place, fâchés qu’il [Nabonide] les a apportés à Babylone. Marduk, l'exalté, le seigneur des dieux, se tourna vers toutes les habitations qui ont été abandonnées et tout le peuple de Sumer et d'Akkad, qui était devenu des cadavres. Il s’est concilié et eu pitié d’eux.

[11-14] Marduk considéra la totalité des pays, cherchant un roi juste, un roi selon son coeur. Il appela son nom : Cyrus, roi d'Anšan ; il prononça son nom pour être roi sur toutes choses. Il a fait de la terre de Gutium et de tout les Mèdes qu’ils s’inclinent en soumission à son pied. Et lui [Cyrus] dirigeant comme un berger, avec justice et droiture tout les peuples sauvages, sur qui il [Marduk] lui donna la victoire. Marduk, le grand seigneur, gardien de son peuple, regarda avec joie ses bonnes actions et son coeur droit.

[15-19] Il lui ordonna de partir vers sa cité de Babylone. Il le rejoint sur la route de Babylone, et comme un compagnon et un ami, il marcha à ses cotés. Son armée vaste, dont le nombre, comme l’eau de la rivière, ne peut être connu, marcha à ses cotés entièrement armée. Il la fit entrer dans la ville de Babylone, sans bataille ni combat ; il sauva Babylone de la désolation. Il livra Nabonide, le roi qui ne le révérait pas, dans ses mains. Tout le peuple de Babylone, toute la terre de Sumer et d'Akkad, princes et gouverneurs, s’inclinèrent à lui et embrassent son pied. Ils se réjouissent de son règne et leurs visages s’illuminent. Le Seigneur qui aide le mort à revivre et celui qui sauve de la désolation et de la difficulté, tous l’accueillent avec joie et louent son nom.

[20-22a] Je suis Cyrus, roi de l'univers, grand roi, puissant roi, roi de Babylone, roi de Sumer et d'Akkad, roi des quatre bords de la terre, le fils de Cambyse, grand roi, roi d'Anšan, petit-fils de Cyrus, grand roi, roi d'Anšan, descendant de Teispès, grand roi, roi d'Anšan, d'une lignée royale éternelle, celui dont Bel et Nabu chérissent le règne, celui dont le règne réjouit leur cœur.

[22b-28] Quand je suis entré à Babylone en paix, je pris mes quartiers dans le palais royal dans les réjouissances et le bonheur. Marduk, le grand seigneur, établi comme son destin pour moi le coeur magnanime de celui qui aime Babylone, et chaque jour je subviens à son culte. Ma grande armée marcha dans Babylone en paix ; je n'ai permis à personne de terrifier le peuple de Sumer et d'Akkad. J'ai cherché le bien-être de la ville de Babylone et tous ses centres sacrés. Pour les habitants de Babylone, [...] sur qui Nabonide imposa une corvée qui n'était pas le souhait des dieux et qui ne leur convenait pas, je les ai soulagés de leur méfiance et les ai libérés de leur service. Marduk, le grand seigneur, se réjoui de mes bonnes actions. Il envoya sa gracieuse bénédiction sur moi, Cyrus, le roi qui le révère, et sur Cambyse, le fils qui est ma descendance, et sur toute mon armée, et dans la paix, avant lui, nous avons voyagé dans l’amitié.

[28-33] Par son verbe élevé, tout les rois, ceux qui siègent sur un trône à travers le monde, de la Mer Inférieure à la Mer Supérieure, ceux qui vivent dans des terres lointaines, les rois de l'Ouest, qui demeurent dans des tentes, tous cela amènent leur lourds tributs devant moi et dans Babylone ils embrassent mon pied. De Babylone à Aššur et de Suse, Agade, Ešnunna, Zamban, Me-Turnu, Der, aussi loin que la région de Gutium, les centres sacrés de l'autre coté du Tigre, dont les sanctuaires ont été abandonnés depuis longtemps, j’y ai replacé les images des dieux, qui ont résidés ici [à Babylone], à leur place et je les laisse reposer dans leur demeure éternelle. J’ai rassemblé tous les habitants et les ait fait retourné dans leurs demeures. De plus, sur l’ordre de Marduk, le grand seigneur, j’ai établi dans leurs habitations, dans des demeures agréables, les dieux de Sumer et d'Akkad, que Nabonide, causant la colère du seigneur des dieux, avait apporté à Babylone.

[34-36] Que tous les dieux que j'ai replacés dans leur lieu sacrée demande tout les jours à Bêl et Nabu que mes jours soit longs et qu'ils intercèdent pour mon bonheur. Qu'ils disent à Marduk, mon seigneur : "Pour Cyrus, le roi qui te révère, et Cambyse, son fils, [lacune]." Le peuple de Babylone bénit mon règne, et j’établi dans toutes les terres la paix.

[37-44] J’ai augmenté le nombre des offrandes journalière [...] oies, deux canards, et dix tourterelles au-dessus des offrandes d’oies, de canards, et de tourterelles. [...] Dur-Imgur-Enlil, le grand mur de Babylone, ses défenses, j’ai cherché à les fortifier [...] Le quai du mur de briques, qu'un ancien roi a construit, mais qui n'a pas terminé cette construction, [...] qui n’avait pas entouré la ville sur l’extérieur, qu’aucun ancien roi n’avait fait, qu’une levée d’ouvriers avait mené dans Babylone, [...] avec du bitume et des briques, j’ai continué et j’ai complété leur travail. [...] des portes magnifique que j’ai recouverte de cuivres, les charnières et les pivots de bronze que j’ai fixés dans leurs embrasures. [...] Une inscription avec le nom de Aššurbanipal, un roi qui fut mon prédécesseur [...].

Ah, c'est sympa d'avoir autre chose que la version officielle de l'ONU ! Que signifient toutes les coupures du texte ? Des éléments que tu n'as pas jugé utile de placer ou des morceaux abîmés sur le Cylindre ?

Le cylindre est abîmé au début (et aussi à la fin), enfin, on sait surtout que le début raconte comment Nabonide fut un tyran méchant.
En fait, Nabonide, même s'il était déjà illégitime, tenta une réforme religieuse avec la suprêmatie du dieu Sin à la place de Marduk. Mais en fait, Nabonide est aussi connu comme un roi-archéologue ; il a reconstitué les anciens batîments de Babylone, de très bon actes dont Cyrus, à la fin du Cylindre, s'en approprie naturellement tout les mérites, ce que l'on voit quand il retrouve une inscription d'Aššurbanipal (en fait, c'est plutôt Nabonide qui l'a retrouvé).
La fin du texte parle bien naturellement des travaux et constructions dont on a que le début de la liste.

Xshayathiya a écrit:

Le cylindre est abîmé au début (et aussi à la fin)

Oui mais là il a l'air abîmé un peu partout, pour ça, je demandais...

Oui, mais là c'est des détails, et il est assez bien conservé (pour un truc en argile qui date de plus de 2000 ans).

Ah, bien. Où et comment est-ce qu'on l'a retrouvé, déjà, pour qu'il soit en si bon état ?

Au XIXe, volé par les anglais (now in the British Museum). Comment ? Aucune idée, mais connaissant les anglais, avec de grosses pioches ^^.

Je voulais dire, il a bien dû être retrouvé dans un endroit un peu spécial qui l'a a peu près préservé des dégats pendant 25 siècles. Par exemple, pas sous trente tonnes de caillasse dans un champ de ruine, j'imagine.

C’est bien ce que j’avais compris, il faut bien savoir qu’au XIXe, on se fichait pas mal de dire comment on a exactement mis la main dessus (plus encore avec les anglais).

Ah pardon.

Alors comme ça les archéologues anglais se sont taillés une réputation de charcuteurs de sites historiques ?

Tout les archéologues en général au XIXe avait cette réputation, mais c’est vrai que les champions toute catégories, c’était les anglais.
Ca me rappelle cette histoire de la fouille du Tell de Koyunjik (Ninive) ; les anglais qui avaient déjà fouillé la place (et la bibliothèque de ce bon vieux Assurbanipal) ils ont laissé cette zone aux français tandis que eux, ils iraient charcuter dans une zone encore vierge de fouilles.
Manque de bol, les anglais, pensant gruger les français, se sont fait avoir ; l’équipe française avait découvert tout le reste du palais.
Les anglais n’ont pas chercher plus loin : à partir de leur chantier de fouilles, ils ont creusé un tunnel souterrain menant au site de fouilles française ; en une nuit, les anglais ont fait un carnage, emportant tout ce qu’il pouvait avant de s’enfuir comme des voleurs qu’ils sont.

Mais enfin, ça va, les archéologues ont évolué depuis dans leur méthode de recherche… sauf ces irréductibles américains (y’a qu’à voir ses espèces de soldats pilleurs qui s’improvisent archéologue et marchand d’antiquité).

Oui, à l'époque de la guerre (enfin, quand elle était encore chaude), on avait parlé sur ce forum de la façon dont les soldats américains traitaient les sites mésopotamiens en Irak... Les tanks sur les ziggurats, pour ne citer que le meilleur...

Et après, le plus fort : "oh hell ! it seems half the ziggurat has fallen down...".

Philadelphe a écrit:

Texte originellement en akkadien, Cyrus y reprend les formes classiques des décrets royaux qui se font en début de règne.
Véritable traduction (pas comme la fausse qui navre les historiens depuis 1971).

(Je vais faire mon iranien) Quelles sont les sources (documents, livres, etc) de cette soit-disant véritable traduction ?

Hem, du site livius.org, j'ai pris carrément la traduction en anglais de l'akkadien, même si elle est disponible en regard, mon niveau n'est pas assez bon ^^.

Sinon, ça se recoupe parfaitement avec le puit de savoir qu'est la synthèse de Pierre Briant Histoire de l'Empire Perse de Cyrus à Alexandre qui en donne quelques passages.

Merci pour la réponse !

Donc Pierre Briant lui-même ne reconnaît pas la traduction de l'ONU ?

Il me semble qu’il le critique dans son ouvrage, mais je n’arrive plus à retrouver la référence (à moins que ce soit dans un autre livre ?).
C’est aux pages 50-55 qu’il parle longuement du Cylindre, où il affirme très clairement que le texte du Cylindre est une reprise d’Aššurbanipal, un glorieux roi assyrien connu pour ses massacres et autres joyeusetés sanglantes de « si-tu-crois-pas-à-mon-dieu-Aššur-je-te-pète-la-gueule ».
D’ailleurs, le premier qui l’affirme, ce n’est pas Pierre Briant, mais Cyrus II le Grand lui-même dans le Cylindre. Donc c’est à se demander où l’ONU avait vu une quelconque déclaration des droits de l’Homme, car elle ne soutient que l’ordre déjà établi depuis plus d’un millénaire en Mésopotamie.
Il n’a pas aboli l’esclavage, ni le système de castes ; il a juste rassuré les citoyens de pleins droits (et pas ces muškenum de seconde zone) de continuer leurs petites affaires.
Il évident que les élites babylonienne retrouvait du pouvoir (du moins le conserve) tant qu’ils ne gênent ni le Grand Roi ni l’administration perse.

Il n’y a pas non plus une quelconque liberté de culte : il est bien entendu dans le Cylindre que le seul culte autorisé à Babylone c’est le paganisme avec suprématie de Marduk, dieu national de Babylone.
C’est pour ça que c’est sidérant quand des enhardis vont parler de « laïcité » comme thème principal du Cylindre : Marduk n’est pas un mot pour faire joli !
C’est comme si on citait Jésus, Bouddha ou Shiva dans la Constitution française : elle en perdrait de sa laïcité pour sûr.


Plus encore édifiants, ce sont d’autres traductions complètement fausses et complètement fallacieuse comme celle diffusé par Iran Chamber ; pour eux le Cylindre est écrit dans une langue aryenne, le vieux perse (FAUX ! c’est en akkadien, donc sémitique), selon l’auteur de l’article qui réussi à se payer le nom d’une vieille famille iranienne, le Cylindre se paierait d’être supérieur en tout, même spirituellement, à la Déclaration française des Droits de l’Homme et du Citoyen, mais le plus surprenant, c’est que le Cylindre est aussi un hymne au zoroastrisme, car à la fin, il cite Ahura-Mazda : complètement faux, car toute la fin à été complètement inventée. Même là où il parle de l’interdiction de l’esclavage (et les 500 petits castrats demandés en tribut à Babylone ? Ils étaient libres de se les faire écraser et envoyer en Perse ?).

Bref, beaucoup de mauvaise foi de la part des iraniens, pire encore quand ils citent la Cyropédie de Xénophon (c’est avant tout à prendre comme un roman) ; pourtant c’est bien dans cette même Cyropédie qui est dit que les Perses apprennent à adorer la vérité par-dessus tout.

Merci pour cette longue réponse !

A mon avis si Pierre Briant souligne la continuité avec ces textes mésopotamiens, c'est qu'il doit bien douter de la traduction de l'ONU.

Le problème aujourd'hui, au delà-même de la question du Cylindre de Cyrus, c'est le problème de l'interprétation.
De nos jours il est bon ton de dire que chaque culture a en elle la démocratie, la laïcité, les droits de l'homme et l'humanisme, l'abolition de l'esclavage et j'en passe et des meilleurs. En gros tout cela existe déjà (y a qu'à voir parler les indiens, les iraniens, les africains, les chinois, etc).
Il y a une uniformisation des cultures basé sur le modèle "moderniste" pour parler grossièrement. Tout le monde doit être identique dans la modernité pour faire plaisir au monde qui est le nôtre.
On voit très bien l'arnaque de tout cela (notamment avec des associations zoroastriennes comme http://gatha.org/french/ ) parce que comme par hasard, tout se calque sur notre mode contemporain, tout est pareil, tout a exactement le même sens d'aujourd'hui. Or on sait très bien que ce n'est pas le cas, et c'est en général dans ces cas là qu'on voit la supercherie.

Y a rien de pire que d'interpréter L'Histoire avec la grille idéologique de notre époque. Certains ont eu ou ont encore des grilles marxistes/révolutionnaires de l'histoire, d'autres libérales, modernistes/droitsdelhommistes, raciales, etc. Il ne faut jamais tomber dans ce piège là.

Comme dirait Gustave Thibon, être dans le vent est une ambition de feuille morte.

Thessalonicien a écrit:

Comme dirait Gustave Thibon, être dans le vent est une ambition de feuille morte.

Joli formule !

Sinon, l'interprétation de l'Histoire au gré des besoins des contemporains est probablement aussi vieille que l'Histoire elle-même. Heureusement, notre époque donne les moyens à ceux qui le désirent de chausser d'autres lunettes que celles des ayatollahs de chapelles.

Franchement Alexandre, je ne vois pas pourquoi tu remets le sujet ici alors que Artaxerxès
t'a amplement répondu concernant ceci sur le forum "Cyrus le grand".........vraiment pathétique

Si faire du ménage et ordonner les sujets est pathétique, je n'ose imaginer le capharnaüm qui doit te servir de logis, mon cher Delta.

mais non c'est juste que je n'avais pas vu la 2ème page dans l'autre forum, c'est qu'une fois répondue que je me suis aperçue. tu peux vérifier par les "heures" envoyées. Enfin bref.