Les archers chez les grecs

En lisant les historiens anciens, je n'ai pas l'impression que les grecs utilisaient beaucoup d'archers, et j'ai même entendu dire que les spartiates méprisaient complètement ce genre de combat. Les grecs se passaient ils donc totalement d'archers ?

L'arc, l'archer, c'est un lourd débat

Chez les grecs, l'arc est une arme de la parfaite couardise, ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'elle est l'arme de Pâris.

Le rapport à l'arc est très particulier chez les grecs. A l'inverse, Apollon et Artémis l'utilisent souvent comme arme (le passage avec les Niobides...).

On a eu des commentaires et des débats là dessus avec une de mes profs. Je vais essayer de retrouver les différents points de vue !!

Tu peux lire pour t'aider "Apollon, le couteau à la main" de Detienne. Tu auras une brève idée de la chose.

L'arc en plus d'être une arme traîtresse (donc pour les couards) c'est aussi l'arme favorite des orientaux. Artémis, Apollon ou encore le troyen Pâris sont des "orientaux". Le modèle est ensuite transposé aux mèdes (dont les dariques représentent le Grand Roi en archer).

Les archers les plus réputés étaient pourtant en Crète, réputé pour être des menteurs.

Ce sont les cavaliers qui apparaissent comme les plus nobles, mais Ulysse, pourtant un noble, utilise un arc dans une épreuve qui l'oppose aux prétendants de Pénélope. Mais la difficulté de le tendre enlève le coté "facile" de l'arme.

Côté stratégique et culturel, une arme de jet n'apporte pas de cohésion au groupe des phalanges non plus.
Les phalanges, sarisses contre sarisses (et bouclier) apporte un lien qui fait que chaque soldat est une pièce d'un tout.
Où est là cohésion, le groupe lorsqu'il s'agit de tirer à distance ?
Où est l'intérêt de bataille pour des grecs de tuer de "loin" ? Il faut un contact.

Hector a écrit:

« Une tendresse vous envahit, vous submerge, la variété de tendresse des batailles : on est tendre parce qu’on est impitoyable ; ce doit être en effet la tendresse des dieux. On avance vers l’ennemi lentement, presque distraitement, mais tendrement. Et l’on évite d’écraser aussi le scarabée. Et l’on chasse le moustique sans l’abattre. Jamais l’homme n’a plus respecté la vie sur son passage…
Puis l’adversaire arrive, écumant, terrible. On a pitié de lui, on voit en lui, derrière sa bave et ses yeux blancs, toute l’impuissance et tout le dévouement du pauvre fonctionnaire humain qu’il est, du pauvre mari et gendre, du pauvre cousin germain, du pauvre amateur de raki et d’olives qu’il est. On a de l’amour pour lui. On aime sa verrue sur sa joue, sa taie dans son œil. On l’aime… Mais il insiste… Alors on le tue. »

Cette cohésion sociale dans la guerre me rappelle justement cette réplique d’Hector dans la Guerre de Troie n’aura pas lieu de Giraudoux ^^.

Citation :

Côté stratégique et culturel, une arme de jet n'apporte pas de cohésion au groupe des phalanges non plus.
Les phalanges, sarisses contre sarisses (et bouclier) apporte un lien qui fait que chaque soldat est une pièce d'un tout.
Où est là cohésion, le groupe lorsqu'il s'agit de tirer à distance ?

Oui mais alors comment expliquer qu'on utilise autant de peltastes, qui eux aussi tiraient à distance ?

Comment ça marchait avec les crétois ? Etaient ils les seuls à manier l'arc ?

Quant au fait qu'Héraclès utilise un arc, ça me laisse perplexe aussi. Avait il une image d'oriental ?

Les peltastes sont avant tout une infanterie, même s'ils projettent un javelot en guise d'introduction. En même temps, comme infanterie légère, ce sont des citoyens pauvres, il importe donc guère qu'ils aient une image plus ou moins valorisante.

Hercule n'a pas tellement une connotation orientalisante (même s'il est probable que son image soit calquée sur celle de Gilgamesh), mais il a une connotation royale ; dans ce cas, l'arc sert à la chasse, sport noble par excellence.

Pour l'utilisation d'archers dans les armées grecques et sa fréquence d'utilisation, c'est là quelque chose que je ne connais pas trop, à part que les mercenaires crétois étaient très prisés.

Citation :

Oui mais alors comment expliquer qu'on utilise autant de peltastes, qui eux aussi tiraient à distance ?

Attention aux confusions. De base, les peltastes sont thraces en majorité, pas grec. la nuance est immense pour les grecs !! Par ce qu'ils jouent beaucoup avec les mots et les notions. Et puis se sont des mercenaires payés pour se battre, pas des citoyens de cités.
Enfin on les retrouvera plus souvent avec l'armée macédonienne.

N'oublie pas que chez les grecs, chacun apporte son propre équipement. je vois mal un grec se ramener avec un arc...

Citation :

Quant au fait qu'Héraclès utilise un arc, ça me laisse perplexe aussi. Avait il une image d'oriental ?

Attention aussi aux "images" d'héraklès. Ma collègue Nadège pourrait t'en parler de son iconographie.
Dans le contexte divin, l'arc n'a pas la même portée : Apollon et Artémis l'utilise pour tuer les enfants de Niobé.
Par ailleurs, il l'utilise contre les oiseaux du lac de Stymphale, seul moyen pour tuer des animaux volants.

Ok merci pour vos réponses

Ce qui est intéréssant à montrer c'est l'évolution de la mentalité grecque à la suite de la guerre du Péloponnèse (431-404). En effet avant cette guerre et au début de la guerre, opposant en gros Athènes à Sparte, le modèle du brave soldat et l'hoplite, symbole de force, de résistance, de courage, et d'unité. Ainsi tous les grecs montrer l'hoplite comme le symbole de la guerre. L'hoplite avait montrer son efficacité durant les guerres médiques, remportant baisement la victoire sur les Perses grâce à leur équipement lourd et à la cohésion de la phalange. Mais lors d'un combat entre hoplites, la dimension du combat est tout autre. Ainsi lorsqu'on cherche à gagner la guerre, on cherche les points faibles de l'hoplite. Or le point faible de l'hoplite est sa mobilité aussi bien détaché qu'en phalange. Ainsi pendant la guerre du Péloponnèse on voit le développement important de l'infanterie légère et de la cavalerie légère qui grâce à leur mobilité peuvent harcelés les hoplites et prendre la fuite en évitant ainsi le combat. Ce qui biensur chez les grecs était symbole peur, et qui était considéré comme honteux. Pourtant malgrès cette vision de l'infanterie et de la cavalerie légère les grecs aussi bien athéniens que spartiate utilisèrent ces derniers pour remporter des victoires sur les unités d'hoplites adverses. Ainsi malgrès un dégout profond pour ce type de combat cela ne les empêchaient pas de les utilisé. Il faudra attendre Alexandre pour voir une incorporation systématique d'archers et de cavaleries ainsi que l'utilisation coordonnée de ces dernier au sein des armées. Car avant officiellement les archers et cavalier ne faisait pas partie de l'armée, seul compté les hoplites, on compté les hommes en hoplites.

Cette utilisation des cavaliers est plus marquée chezles ennemis d'Athènes non ? Car l'expédition de Syracuse a en partie été une désastre à cause du peu de cavalerie des athéniens, et du grand nombre de cavalers syracusains.

Il est vrai mais pas seulement les cavaliers durant la guerre du Péloponnèse avait principalement un rôle de harcellement et pas de grande charge. La cavalerie syracusaine harcelait les hoplites athéniens qui était en train de construire leurs fortifications pour la siège de Syracuse. Les béotiens avaient une des cavaleries les plus redoutable du monde grec.